France
Azalaïs de Porcairagues (active ca 1170)

La vida d’Azalaïs de Porcairagues nous apprend qu’elle était originaire des environs de Montpellier. Le village auquel elle emprunte son nom est plus que probablement l’actuel Portiragnes, situé à une dizaine de kilomètres de Béziers et appelé Porcairanegues à la fin du xiie siècle. Les documents d’archives nous apprennent qu’il était alors pourvu d’un château, ce qui corrobore le qualificatif de « gentil domna » (noble dame) utilisé dans la vida. Ce même document évoque l’homme dont elle est éprise, Gui, seigneur de Paulian, surnommé Guerrejat (« le Guerroyeur ») : ce seigneur sur lequel la trobairitz composa « maintes bonnes chansons » était bien fils de Guillaume VI et frère de Guillaume VII de Montpellier. Héritier de deux châteaux proches de Portiragnes, Gui était voisin de son amie. Probablement né peu avant 1140, il fit son testament en 1177 avant de rejoindre l’abbaye cistercienne de Valmagne, dans le diocèse d’Agde, où il décéda.

Azalaïs est l’autrice d’une seule canso au parti pris clairement féministe, qui survit dans six chansonniers, sans notation musicale. Deux lieux y sont mentionnés (le Velay et Orange), ainsi que plusieurs personnages : le seigneur de Provence (sûrement le comte de Toulouse Raimon V), Raimbaut d’Orange (qui doit la porter à la « vicomtesse de Narbonne »), et une dame de Narbonne, probablement Ermengarde (1143-1197). La troisième strophe contient en outre une allusion à une canso de Guillem de Saint-Leidier, troubadour, attesté à partir de juin 1165 comme vassal des évêques du Puy et des vicomtes de Polignac, et probablement mort à la fin de 1200. L’ensemble de ces indications permet d’avancer pour la composition de la pièce la date plausible de l’hiver 1170-1171.

La poétesse compositrice est par ailleurs la confidente de Raimbaut plus que son « aimée ». C’est ce que sous-entend le senhal de « Joglar » utilisé par le troubadour dans nombre de ses poésies et que la trobairitz lui retourne dans son envoi. L’une des chansons du troubadour possède un début « hivernal » et un schéma métrique proche de celui de la chanson d’Azalaïs, possible hommage de lui à elle. Dans une lettre rimée du poète enfin, Azalaïs est présentée comme un ancien amour : peut-être l’était-elle au temps où elle n’aimait pas encore Gui. Quelques éléments de chansons de Raimbaut accréditent l’hypothèse que lui et Azalaïs se seraient rendus visite.

Guiraut de Bornelh, ami de Raimbaut d’Orange, évoque aussi la trobairitz dans plusieurs de ses chansons, l’une faisant assez clairement allusion à la préférence de la jeune femme pour un autre qui pourrait, à la lueur des textes de Raimbaut, être Gui Guerrejat. Après le changement d’amoureux, les relations des deux poètes se seraient désormais cantonnées à une amitié tout intellectuelle.

– Anne Ibos-Augé (IReMus – Paris, Sorbonne Université) –
Contributeur : Présence Compositrices - dernière mise à jour 18 juin 2025

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